Mes expériences personnelles avec des substances psychédéliques dans le cadre de mon travail ethnographique parmi les communautés runa et sapara de l’Amazonie équatorienne m’ont incité à élargir le concept de « psychédélique » pour englober les processus qui donnent à voir le « monde-appelé-forêt » (sacha en kichwa, naku en sapara). Dans cet exposé, j’essaierai d’expliquer, d’abord, ce que signifie dire que le « monde-appelé-forêt » est psychédélique ; ensuite la manière dont l’anthropologie est une science psychédélique ; et, finalement, comment une science psychédélique peut nous servir de guide pour faire face à la crise écologique planétaire qui menace le «monde-appelé-forêt » dont nous faisons partie.
La conférence est donnée en espagnol
Pour information, la séance suivante aura lieu le 17 juin et nous aurons le plaisir de recevoir Anthony K. Webster (University of Texas, Austin)
[Vidéo] 18/03/2021 – Pablo F. Sendón – A propos d’un terrain d’étude ethnologique : le massif de l’Ausagante
La partie sud-orientale de la région de Cuzco (Pérou) est couronnée par le massif de l’Ausangate qui, à plus de 5000 mètres d’altitude, se présente comme un toit gigantesque à deux pentes séparant le bassin amazonien des vallées inter-andines. Les conditions écologiques de ce milieu semblent à première vue vouer à l’échec toute entreprise humaine. Cependant, l’ensemble de cette contrée, et même ses recoins proches des neiges éternelles, est habité par une population quechuaphone. Ses activités productives, son organisation sociale, ses représentations symboliques et ses pratiques rituelles font de cette région une unité d’analyse qui peut être conçue comme objet ethnologique. Cet exposé aura pour but de proposer une définition de ce dernier à partir de données ethnographiques spécifiques recueillis à Marcapata, soit le district le plus oriental de cette partie des Andes péruviennes dont le territoire s’étendait jadis jusqu’à l’entrée des terres inhospitalières de l’Antisuyo amazonien.
Chers membres, nous avons le plaisir de vous convier à l’Assemblée générale de la Société des Américanistes, qui aura lieu le mercredi 9 décembre 2020 à 18h (heure de Paris)
L’Assemblée sera suivie de l’annonce des résultats del’Aide à publication, attribuée pour la première fois cette année, et d’une présentation de leurs travaux par les lauréates.
En raison de la situation sanitaire, cette rencontre se déroulera par visioconférence, ce qui nous permettra de nous retrouver malgré les distances et les océans. Nous vous transmettrons le lien de connexion la veille de la rencontre.
Ordre du jour de l’Assemblée générale
Approbation du rapport moral et du rapport financier 2019
En cas d’absence, merci de nous envoyer par retour de courriel votre procuration (avec pouvoir à l’un des membres de la société)
Annonce officielle des résultats de l’Aide à publication par Philippe Descola, président de la société, suivie d’une intervention de 15 minutes de chacune des lauréates.
Patricia Horcajada Campos : Arte maya en miniatura: las figurillas ceramicas de La Blanca
María Agustina Morando : Ñande ñee jekove: lengua y praxis social entre los chanés del noroeste argentino
29/10/2020 – Cédric Yvinec – Présentation du film ‘Ex pajé’
La prochaine conférence de la Société des Américanistes, organisée en collaboration avec le musée du quai Branly, aura lieu le jeudi 29 octobre 2020, à 16h30-18h30 (merci de bien prendre note de l’horaire), dans la salle de cinéma du musée : Projection et discussion du film Ex pajé (Ex-chaman) Réalisé en 2018 par Luiz Bolognesi
Présenté et discuté par
Cédric Yvinec
Chargé de recherche au laboratoire Mondes Américains (UMR 8168-EHESS)
« Nous n’avons pas de chaman, mais un ancien chaman. »
Depuis leur premier contact « officiel » avec l’Etat brésilien en 1969, les Paiter Suruí, population autochtone vivant dans le bassin amazonien, ont vécu de profonds changements sociaux. Les missionnaires, les smartphones, le gaz et l’électricité, les médicaments, les armes et les médias sociaux font désormais partie leur quotidien. Au milieu de ce nouveau monde, un ex-chaman essaie de trouver une place au sein de sa communauté. Contraint dans le passé de devenir chrétien, il lutte pour guérir les personnes souffrantes de son village, en même temps qu’il fait face à la colère des esprits de la forêt, contrariés d’avoir été abandonnés.
En raison du contexte sanitaire actuel, l’accès à la salle de cinéma sera limité à 45 personnes. Nous reviendrons vers vous rapidement afin de vous tenir informés de la possible mise en place d’une liste de pré-inscription et d’un système de diffusion asynchrone du film et de la discussion.
Annulé – Nathan Wachtel : présentation de l’ouvrage ‘Paradis du Nouveau Monde’
Jeudi 26 mars 2020, la Société des Américanistes recevra :
Nathan Wachtel, directeur d’études honoraire à l’EHESS
et Professeur honoraire au Collège de France, qui présentera son ouvrage :
Paradis du Nouveau Monde (Fayard, 2019, 340 pages).
18h, salle de cinéma du Musée du Quai Branly – Jacques Chirac, 37 Quai Branly, 75007 Paris.
Résumé : la découverte d’un monde jusqu’alors insoupçonné, à la fin du XVe siècle, suscita en Occident d’innombrables hypothèses et fantasmes. Que ce soit la localisation du Paradis terrestre au cœur de l’Amérique du Sud ou le problème de l’origine des populations indiennes, ces recherches se fondaient souvent sur des études remarquablement documentées, menées avec une rigueur que l’on peut presque dire scientifique. Parallèlement, parmi les populations amérindiennes, en réaction à la situation coloniale, se développèrent sur l’ensemble du continent américain des mouvements «messianiques » ou «prophétiques», récurrents dans la longue durée. Migrations vers le Terre sans Mal, attente du retour de l’Inca, vision extatique du retour des morts dans la Ghost Dance : ces mouvements combinent des croyances et pratiques autochtones avec certains apports occidentaux, en ordonnant ces derniers selon la logique propre des systèmes de pensée indigène. Ainsi se modela au fil des siècles l’identité indienne. L’auteur poursuit, avec ce nouveau livre, sa réflexion sur la pluralité des perspectives historiques, leur complémentarité, pour la restitution d’une histoire globale, et les traces que les traumatismes hérités du passé inscrivent dans les mémoires collectives.
22/11/2019 – Owen Mason : Le commerce depuis l’Asie orientale et la chasse à la baleine
La prochaine conférence de la Société des Américanistes aura lieu le vendredi 22 novembre 2019, à 18 h, dans la salle de cinéma du musée du quai Branly:
Owen K. Mason
INSTAAR – University of Colorado, Boulder.
Le commerce depuis l’Asie orientale a-t-il mené à la chasse à la baleine, la guerre et l’inégalité dans le détroit de Béring ?
L’existence de surplus est souvent considérée comme une condition préalable à la complexité sociale. Il n’existe pas de surplus calorique plus important que celui offert par la baleine boréale. Alors que son développement demeure mystérieux, la chasse à la baleine est un acte dangereux par nature, qui repose sur une combinaison de technologie, de savoir-faire et de chance. Une équipe de chasse performante bénéficiait certainement d’un statut renforcé et pouvait attirer des partisans et des alliés. Le développement de la chasse à la baleine suppose une série de développements sociaux et technologiques ; principalement des bateaux et des lances, mais aussi du capital social. Dans le détroit de Béring, les interactions avec l’Asie orientale pourraient avoir favorisé la chasse à la baleine. Des indices convaincants de la capacité à capturer des baleines apparaissent il y a environ 2000 ans le long des côtes de la Sibérie et de l’Alaska, alors que l’on a cru pendant un siècle que cette pratique était apparue mystérieusement sans prédécesseur. Par ailleurs, des données récentes indiquent que l’on capturait des morses il y a 5000 ans dans le sud de l’Alaska et que la chasse à la baleine pourrait remonter à plus de 3000 ans en Tchoukotka. On a remarqué depuis longtemps la concomitance de magnifiques traditions artistiques – Old Bering Sea et Punuk – aux motifs gravés à l’aide d’outils en fer sur de l’ivoire de morse. La chasse aux morses était aussi essentielle : sa peau servait à recouvrir les bateaux et était échangée contre de la fourrure de caribou. Le mobilier funéraire confirme les racines anciennes de l’inégalité en tant qu’indicateur de statut et de chamanisme, reflétant le rôle du commerce et des festins dans la production de la vision cosmique du Old Bering Sea. Une deuxième expansion de la chasse à la baleine se produit au moment du Punuk et du Birnirk vers 1150-1200 apr. J.-C., coïncidant avec un commerce des métaux et des innovations dans les technologies nautiques et de propulsion.
La conférence sera donnée en anglais.
Prière de vous présenter directement à l’entrée du musée (37 quai Branly), sans passer par les caisses.
Le plan Vigipirate impose aux agents de sécurité du musée à ne pas autoriser l’introduction de valises (même cabines), sacs de voyage, sacs à dos, sacs de sport…
La prochaine conférence de la Société des Américanistes aura lieu le vendredi 14 juin 2019, à 18 h, dans la salle de cinéma du musée du quai Branly :
Guilhem Olivier
Professeur et chercheur à l’Instituto de Investigaciones Historicas, UNAM, Mexico
Le retour de Quetzalcoatl et la divinisation des Espagnols ont-ils joué un rôle dans la conquête du Mexique ?
Le topos de la « divinisation » des Conquistadors et notamment le fameux thème du « retour de Quetzalcoatl » ont souvent été évoqués pour expliquer l’apparente passivité et, en fin de compte, la défaite des peuples méso-américains face aux envahisseurs européens. Certains historiens affirment cependant qu’il s’agit de créations coloniales, voire, dans le cas du « retour » de Quetzalcoatl, d’un mythe crée par Cortès afin de justifier la conquête et la soi-disant cession de son règne de la part de Motecuhzoma II. Accréditer la divinisation des Espagnols impliquerait une vision dénigrante des Mésoaméricains considérés comme superstitieux voire « inférieurs et stupides » (sic). Or, nous espérons montrer, à la fois que le retour de Quetzalcoatl s’inscrit dans la nature cyclique de l’histoire indigène, et que la divinisation des Espagnols ne peut s’expliquer qu’à partir des conceptions mésoaméricaines de la divinité, fort différentes des conceptions chrétiennes. De plus, en intégrant les nouveaux venus au sein de catégories ontologiques propres, il était possible de les affronter voire de les vaincre, ce qui remet en cause l’attitude soi-disant soumise des Mésoaméricains — dénigrante à nos yeux — face aux Espagnols durant la conquête.
Prière de vous présenter directement à l’entrée du musée (37 quai Branly), sans passer par les caisses.Le plan Vigipirate impose aux agents de sécurité du musée à ne pas autoriser l’introduction de valises (même cabines), sacs de voyage, sacs à dos, sacs de sport…
La prochaine conférence de la Société des Américanistes aura lieu le mercredi 20 mars 2019, à 17 h (merci de bien prendre note de l’horaire), dans la salle de cinéma du musée du quai Branly :
Rosemary Joyce
Professeur, UC Berkeley
Painted Pottery From Honduras: Object Itineraries and Lives
Research on Honduras’Ulua and Las Vegas Polychrome traditions, and related Salua Polychrome of El Salvador and Galo Polychrome of the Nicoya area, demonstrates the utility of practice-based frameworks employing concepts of technological style, and communities and constellations of practice. While culture history, with its equivalences of a people, a material culture, and a language, worked as a preliminary step to clarify histories in areas like Mesoamerica, in Central America an astonishing diversity of things were made within much smaller territories.
Reconstructing the chaine operatoire, lives of individual objects, and itineraries across time and space of painted pots that provide the main database for archaeology in Central America shows that the level of action in pottery production and use was the town and local communities of practice. This leads to a reconsideration of culture-historical concepts of language-based ethnic groups originally employed by Americanist archaeologists to organize knowledge of this region.
La prochaine conférence de la Société des Américanistes aura lieu le jeudi 24 janvier 2019, à 18h (merci de bien prendre note de l’horaire), dans la salle de cinéma du musée du quai Branly :
Bruce Mannheim
Professeur, Department of Anthropology, University of Michigan
En collaboration avec Adela Carlos Rio
Comment les Quechuas dérobèrent le feu : un mythe andin à la lumière de Le cru et le cuit de Claude Lévi-Strauss
Tout comme les mythes Gê analysés par Claude Lévi-Strauss dans Le cru et le cuit (Mythologiques 1), un récit quechua des Andes du sud péruvien identifie la transition vers la vie sociale humaine dans le vol du feu par un être exogène – dans ce cas un hacendado à la place d’un jaguar. Ce mythe rapporte la transition entre une vie d’esclavage et la liberté totale à travers les actions du perroquet exilé qui dérobe le feu mais perd sa voix, son agentivité sociale et même son nom. L’analyse de ce mythe nous emmène à développer quatre thématiques spécifiques : la possibilité d’intégrer la narration andine dans une perspective comparative sud-américaine ; l’utilité de la structure linéaire pour comprendre les transformations sociales qui constituent l’axe du récit ; le rôle de l’hacendado comme prototype du prédateur non-humain ; le contexte politico-social du récit.
Conférence: Les années folles de l’ethnographie: Trocadéro 28-37, 20 décembre 2018
La prochaine conférence de la Société des Américanistes aura lieu le jeudi 20 décembre 2018, à 18 h (merci de bien prendre note de l’horaire), dans la salle de cinéma du musée du quai Branly :
André Delpuech
Directeur du Musée de l’Homme
Christine Laurière
CR IIAC, Laboratoire d’Anthropologie et d’Histoire de l’Institution de la Culture
Carine Peltier-Caroff
Responsable de l’iconotheque, musée du quai Branly – Jacques Chirac.
A l’occasion de la sortie de l’ouvrage « Les Années folles de l’ethnographie », sera relatée une séquence passionnante de l’histoire de la culture et des sciences : les dernières années du Musée d’ethnographie du Trocadéro avant qu’il ne soit détruit pour laisser la place au Musée de l’Homme inauguré en 1938. Dirigé à partir de 1928 par Paul Rivet et Georges-Henri Rivière qui scellent une alliance inédite entre la science et la culture, le musée connaît une profonde modernisation à une époque où la reconnaissance des « arts primitifs » interroge le rôle même d’un musée d’ethnographie. C’est le début des Années folles de l’ethnographie qui révèlent l’engouement pour une discipline, l’ethnologie.
La conférence reviendra donc sur l’histoire du musée d’ethnographie du Trocadéro, sous la direction du tandem Paul Rivet et Georges Henri Rivière, qui entreprennent une profonde réorganisation scientifique, intellectuelle, institutionnelle entre 1928 et 1935, période formatrice, déterminante par ses nombreuses innovations scientifiques et muséales, ses expérimentations. Le musée sort de sa léthargie en affirmant avec éclat l’irruption de l’ethnographie dans la cité, sur la scène culturelle, en même temps qu’il devient le pilier de la professionnalisation de l’ethnologie. Après une première partie sur ces années que Georges Henri Rivière appelait « la grande aventure » du Trocadéro, seront discutées deux thématiques américanistes traitées dans l’ouvrage : « un potlach au Trocadéro », Paul Coze, indianiste ethnographe, et « rendez-vous manqué avec les « vieilles colonies », ethnographie et archéologie de la Guyane et des Antilles françaises (1931-1939).
Prière de vous présenter directement à l’entrée du musée (37 quai Branly), sans passer par les caisses.
Le plan Vigipirate impose aux agents de sécurité du musée à ne pas autoriser l’introduction de valises (même cabines), sacs de voyage, sacs à dos, sacs de sport…